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Affichage des articles du mars, 2007

18 mars — Une frontière après les cours

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Même si la lumière est venue se poser dessus exactement, on ne remarquerait probablement pas que l'organisation du village libanais est tellement différente de celle du kibboutz (dans l'alignement), si l'on ignorait qu'on est à une frontière ; s'il n'y avait pas non plus, au pied du château croisé, un début de tranchée en béton armé, des restes de barbelés, et aux éminences, deux drapeaux : l'un du mouvement Amal, l'autre, au sommet du poste de guet, du Hezbollah. De là haut, on voit, d'un côté, le Litani en contrebas, et de l'autre, deux fois le soleil : dans le ciel et dans la mer ; d'un bout à l'autre de l'horizon débarrassé du corps des hommes, maintenant simplement devinés dans leurs voitures, dans les bruits de leurs moteurs et les lumières des villages (ceux qui à cette heure ont l'électricité), on oublie les trajets encombrés de gestes, de compromis et de détours auxquels nous oblige la route – les nuées de nids de

3 mars — Habbouche – Jezzine - Saïda - Habbouche

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Pas de rattrapage de cours ce samedi. On s'était dit que s'il faisait beau, on irait à Jezzine, tenter de voir la neige avant qu'il soit trop tard, et il fait beau. Pendant que Véro achète au four des manakiches au fromage, je me demande s'il y aura des check-points sur la route qu'on compte prendre (j'ai remis du rouge) : Jezzine était, avant 2000, dans la zone occupée par les Israéliens. Après le premier check-point à la sortie de Kfarouman, on descend dans une vallée verdoyante, et peu avant une grande boucle grimpant la montagne, on découvre ce qui reste du pont sur la route d'Arab Salim. La première fois que nous avions fait un tour en voiture, c'est là que nous avions rebroussé chemin, parce qu'on ne savait pas où on allait. On passe au pied de luxueuses villas regardant la vallée, et régulièrement devant des maisons ou des immeubles écroulés (les dalles de béton qui recouvrent les décombres ressemblent à de grosses feuilles ramollies,

1er mars — Pâquerettes, lune et munitions

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L'avancée du printemps se mesure à la quantité de pâquerettes et d'anémones sauvages. Tout à l'heure, en sortant de l'école, nous sommes allés boire un jus frais (pomme et guava – goyave ?) à Gentina , un restaurant de Nabatieh. Dans la lumière de 15h, celle qui a l'air de revenir après l'hiver (presque celle de l'arrivée, douce et inquiétante) ; sur la route on se demandait si le blanc des montagnes était dû aux pâquerettes ou aux roches, rendues visibles par contraste avec le vert après les pluies. Dans les collines, on a est revenus chercher les fourmis de la dernière fois : celles à qui on avait donné des miettes de petites galettes rondes et anisées, achetées chez "le monsieur gentil" – un homme souriant qui tient un four, dans un virage de côte escarpée, au centre de Habbouche. Cette fois-ci on a trois morceaux de gâteau marbré d'Al Baba de Saïda, des petits morceaux symboliques enveloppés dans de l'aluminium. Les fourmis ont dé