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11 juillet — Quitter Nabatieh

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De chez Pierre et Danièle, qui m'ont prêté leur appartement pour les derniers jours (après que j'ai rendu celui qu'on louait), on voit le soleil se lever sur la montagne côté cuisine, et se coucher côté salon. Et c'est la dernière fois, puisque dès le lendemain Mohamad me conduit loin de Nabatieh — et puis Beyrouth disparaît en quelques minutes au bout de l'aile du 777 qui m'emmène à Paris.

10 juillet — La mort à Yohmor

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De chez Ayad, à qui j'ai vendu notre voiture, on a vue sur les oliveraies – qu'il s'amusait autrefois à traverser à moto pour rejoindre la route en contrebas, pour aller chez sa belle-mère. Sa maison est dans la pente, et le toit a beaucoup moins souffert que d'autres maisons qui étaient plus dans l'axe des bombardements de l'été dernier. Il a tout de même retrouvé des obus dans le champ juste derrière ; et surtout, des sous-munitions, comme partout dans ce village. Il m'en a expliqué le fonctionnement. Je n'avais pas vu, en prenant la photo, la cordelette avec des fanions rouges à tête de morts, que les démineurs des MAG ont disposée pour condamner l'accès à l'oliveraie. Ils travaillent en priorité dans les maisons et leurs les alentours directs. Ayad me dit qu'on a retrouvé des sous-munitions en forme de petites grenouilles, d'autres qui ressemblent à des oranges, etc.

7 juillet — Dernier tour tôt à Tyr

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Ceux qui, parmi les profs, sont "de bac" à Beyrouth doivent rester un peu plus longtemps. C'est l'occasion d'une promenade matinale sur la plage de Tyr, sur invitation de Pascale qui s'y rend régulièrement le week-end pour le plaisir de marcher dans l'eau. Pour ce faire on arpente la plage d'un bout à l'autre. À un bout, un mur et des barbelés empêchent de s'introduire sur la plage privée du "Rest House", à l'autre, d'autres barbelés signalent qu'on commence à s'introduire dans la zone réservée du camp palestinien qu'avec sa mosquée on n'avait jusque là perçu que comme un village au loin, sous le soleil.

4 juillet — Ordinateur et cartons

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Véro est partie hier matin avec Côme . Encore un peu d'Internet (le propriétaire du cyber-café qui a installé un relais radio sur le toit n'est toujours pas venu le récupérer), j'en profite.... Entre deux cartons, je prends une photo-souvenir du coin bureau avec vue sur le château de Beaufort . Ce soir je déménage chez Pierre et Danièle, qui sont partis eux aussi et m'ont prêté leur appartement. Démarches en vue : oraux de rattrapage au bac, déménageurs, vente de la voiture, distribution de ce qu'on n'emporte pas, et départ le 11 juillet. Beaucoup de gens nous demandent pourquoi on part. On est bien embêtés pour répondre, mais l'idée qui revient le plus souvent, celle qu'on juge la plus compréhensible, c'est que Côme a besoin de racines et qu'il doit connaître ses grands-parents. À moins que ce ne soit nous... On remporte d'ailleurs des jouets. Je me demande ce qu'il y a vraiment dans le fait d'avoir bouclé ces 18 cartons

17 juin — Caravansérail, arguilés et martyrs

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À Saïda, le caravansérail donne sur le port et le château des croisés. Des travaux sont en cours pour l'ouverture prochaine d'un bar, sur le toit. Dans ce quartier, qui est aussi l'entrée du souk, les gens s'installent dans des petits canapés en terrasse pour boire des jus de fruits ou des cafés. Ça sent l'arguilé. Les cafés les plus remplis ne sont pas forcément les meilleurs, mais probalement les plus chics, à en juger par la façon un peu ostentatoire dont certains s'extirpent de leur voiture. Tout cela a lieu sous la surveillance d'un char sur le trottoir d'en face, à l'entrée du château. Dans les galeries du rez-de-chaussée, il y a une exposition de peintures d'enfants handicapés, une de leurs profs nous explique. Côme a trouvé un ballon et le promène d'une galerie à l'autre. On n'oublie bien sûr pas le "martyr" Hariri, surtout à Saïda.

16 juin — Croisements à Tyr

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Pour lutter contre une vague de chaleur qui transforme notre appartement en four (notre immeuble est, comme presque partout, une construction sans isolation, où le plafond sert aussi de terrasse, où le ciment stocke la chaleur et continue de la diffuser la nuit) nous sommes allés respirer dans la ville dont le nom est à la fois Sour et Tyr, où se croisent les Chiites, les sunnites, les Chrétiens, qu'ils soient d'Aoun, de Geagea ou pas, les convois de la FINUL ou de la Croix rouge, etc., le tout à portée de vue de la frontière israëlienne. L'hippodrome romain est jouxté d'immeubles, dont la verticalité et le pragmatisme dénotent au milieu de l'immensité. On peut avoir l'impression que la voie pavée nous mène directement d'une époque à l'autre. Certains alignements me rappellent ceux de certains temples d'Angkor au Cambodge. Un camp jouxte le site. Ici le drapeau palestinien surplombe les vestiges, là c'est une baraque qui sembl

12 juin — Un cadavre sur la page

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Angoisse de la correction de copies : alors qu'au bout d'une année où on se dit qu'on a essayé de faire passer un peu de l'envie de lire, et sans qu'on l'ait jamais demandé, certains continuent de numéroter les lignes dans leur rédaction. Tout ce que cette numérotation implique me fait froid dans le dos, et pourtant c'est pour moi, qui dans la tête de l'élève en question représente cette exigence-là , qu'on le fait, avec le souci de bien faire. Qu'on ait pu finir par s'en convaincre, et par les en convaincre : pas seulement les numérotations de ligne, mais aussi les chapeaux qui précèdent ce qu'on a écrit (comme dans le manuel...) : qu'est-ce que je fais là ? Qu'est-ce que j'ai réellement transmis ? Quant à ce que m'inspirent les "épreuves anticipées de français", je préfère me cacher derrière Novarina : Un morceau de littérature nous est offert comme le bœuf en effigie chez le boucher : gîte à la noix, m