18 mars — Une frontière après les cours



Même si la lumière est venue se poser dessus exactement, on ne remarquerait probablement pas que l'organisation du village libanais est tellement différente de celle du kibboutz (dans l'alignement), si l'on ignorait qu'on est à une frontière ; s'il n'y avait pas non plus, au pied du château croisé, un début de tranchée en béton armé, des restes de barbelés, et aux éminences, deux drapeaux : l'un du mouvement Amal, l'autre, au sommet du poste de guet, du Hezbollah.




De là haut, on voit, d'un côté, le Litani en contrebas, et de l'autre, deux fois le soleil : dans le ciel et dans la mer ; d'un bout à l'autre de l'horizon débarrassé du corps des hommes, maintenant simplement devinés dans leurs voitures, dans les bruits de leurs moteurs et les lumières des villages (ceux qui à cette heure ont l'électricité), on oublie les trajets encombrés de gestes, de compromis et de détours auxquels nous oblige la route – les nuées de nids de poules creusés par les éclats ou les sous-munitions, et les maisons aux façades reconstruites et pas encore peintes que n'ont pas épargnées ces pluies troueuses.




Quelques secondes après la disparition du soleil, les haut-parleurs des mosquées, puis, à 18h les cloches venues d'en-dessous – parce que le village en question est chrétien.


Dans la guérite rouillée au drapeau jaune, aux murs troués vers l'intérieur, on entend surtout le bruit du vent.



Les gardes du poste de contrôle, à un kilomètre de là, qui nous ont laissé passer (moyennant 1. l'exhibition d'une carte consulaire où figure une mention en arabe, et 2. quelques tractations où l'on assure qu'on n'ira bien qu'au château et qu'on reviendra de suite), étaient heureux de nous annoncer qu'au Liban le printemps est very beautiful : on aurait pu en douter, d'avoir eu aussi froid après la neige en milieu de semaine, mais devant autant de pâquerettes et de fleurs jaunes (saponaires ?) on reprend espoir.





Côme, enveloppé dans mon manteau, ne se souviendra sans doute pas de sa sieste tardive au sommet du château de Beaufort.

Commentaires

Anonyme a dit…
coucou toute la famille, le telephone ne fonctionne pas, ca fait plusieurs fois que j essaie de vous joindre sans succes. alors voici les dernieres news: nous serons de nouveaux parents en septembre, nous passons nos vacances en bretagne a plouguerneau ou vous etes les bienvenus du 18 juillet au 3 aout environs.merci pour la petite pensee legrand du precedent texte, ça nous a bien fait rire! come ne change pas tellement a part les cheveux, il ressemble de plus a la photo de vero petite qui etait sur le frigo, on vous embrasse fort. julie
Anonyme a dit…
Très bien ton blog, je te recontacte bientôt, un paquet de trucs à faire... Toujours en Colombie... pour l'instant...
Stéphane Joval
Salut à vous trois
Anonyme a dit…
http://stephanejoval.blogg.org pour avoir quelques nouvelles...

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