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Affichage des articles du février, 2007

27 février — C'est où la guerre, dans la tête ?

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Ça y est, on l'a eu, le Clean Osaka à fleurs de sakura Réunion parents-profs (parler tellement, après avoir tellement parlé) où la fatigue de tous est palpable – comme une donnée phénoménologique, mais on maintient cette drôle d'exigence, tout en disant "c'est dur pour eux, vous savez" et chacun, de son (dé)bord à lui, reconnaît que c'est valable pour lui aussi, et s'entend penser mais bon sang laissons les petites cases, faisons écrire pour savoir ce qu'il reste à penser – et puis corrections, examens blancs, relents de censure et d'auto-censure , rumeurs variées... Où est-ce qu'elle s'est logée, la guerre, dans les têtes ? L'impressions qu'Edward Bond touche à ce que je cherche à formuler, dans Les pièces de guerre (L'Arche), I, Rouge, noir et ignorant : CINQ VENDRE L'ACHETEUR, LE MONSTRE et LA FEMME DU MONSTRE entrent L'ACHETEUR. Je suis l'Acheteur. Le registre des Naissances signale la

19 février — Corriger ça sert à quoi ?

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Il y a depuis plusieurs mois du par-coeur, des "Monsieur est-ce que c'est juste ?" brandis en même temps qu'une copie où parfois les lignes ont été numérotées de 5 en 5 (on le leur a appris, il le refont comme-dans-le-manuel – crispation obstinée, peut-être une sorte de stabilité factice, arc-boutant contre la guerre dans les têtes), et puis il y a (après des heures entières à mettre du rouge dans les interstices), le texte qui suit – et l'idée qu'il faut absolument continuer à jongler au milieu : "En touchant le langage, on touche une pierre de fondement. Si la langue est atteinte, c'est toute l'accroche au réel qui s'en trouve modifiée : tout l'édifice bouge. Tout l'ivresse du travail vient de là – et la peur. On travaille au fond, à creuser, terrasser, détruire. Que faut-il pour faire ce travail ?... De la haine, l'esprit de louange, de l'amour, une patiente soif de vengeance – et la décision prise une bonne fois pou

12 février — Un tour à Tyr

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L'électricité revient depuis hier aux 2 fois 4h par jour habituelles : j'ai entendu dire qu'il y avait eu une livraision de pétrole. Et il fait beau. Pour aller de Habbouche à Tyr par la route qui longe la mer, on passe deux check-points de l'armée libanaise. Au premier je n'ai pas bien compris le geste du soldat et me suis arrêté au lieu de simplement ralentir, comme tout le monde (au second le pli était pris) : c'est l'appréhension sans doute d'aller dans la zone "formellement déconseillée", coloriée en rouge sur la carte des Conseils au voyageurs du ministère des Affaires Etrangères. Mais sur la même carte, à Nabatieh, on y est déjà tous les jours, dans ce rouge dont on se demande ce qu'il veut dire pour ceux qui y vivent. Ce n'est qu'au retour qu'on je me dirai qu'au fait, on est forcément passés au dessus du Litani, et que je ne me souviens pas l'avoir vu ; je ne me souviens que d'un pont réparé, reconnaissab

8 février — Ma fi karaba

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Véro a participé à une distribution d'anoraks dans quatre écoles publiques de la région ; l'une d'elle avait été touchée pendant la guerre de juillet dernier, et paradoxalement ça a permis de construire une salle supplémentaire (une salle de physique) ; dans les autres écoles, le dénuement ; dans toutes (y compris la nôtre), des affiches de prévention contre les mines . L'opération, à laquelle des personnes du Lycée Protestant de Beyrouth se sont jointes, était organisée par le comité de solidarité du Lycée franco-libanais de Habbouche, à partir de collectes. Pas d'isolation... Il a beaucoup plu ces derniers temps, et le vent du sud nous tombait dessus après avoir balayé les fermes de Chebaa, couvertes de neige. Dans les maisons, on a froid (chez nous, 11-12°) ; ceux qui ont un petit poële à mazout ("soubia") peuvent chauffer une pièce pendant la journée, d'autres (comme nous) utilisent les chaufferettes sur roulettes, où on loge une bouteille d