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Affichage des articles du novembre, 2006

26 novembre — Habbouche by (sun)day

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Sur la route qui mène à la promenade dans les collines, on prendra à gauche, juste devant la maison partiellement cachée par le poteau. J'essaie de trouver un moyen de photographier le paysage de la montagne. Tentative avec un premier plan, et le noir et blanc. Mais le relief me paraît écrasé, et on ne voit plus le ciel... Dans un virage, le chemin s'élargit. des 4X4 peuvent facilement venir jusqu'ici. À nos pieds , 5 ou 6 préservatifs usagés. À l'entrée d'une oliveraie, un chasseur a vidé deux cartouches dans deux boîtes de soda. C'est probablement par hasard que c'est du Coca-Cola ; mais ça me rappelle tout de même l'article de Jonathan Cook lu hier (dont j'ai retenu que la ligne de fraction politique au Liban se situe plus dans la question de l'alignement - ou non - sur la politique des Etats-unis que sur celle de la Syrie). Le chemin qui mène à la vallée traverse quelques oliveraies, où, dans le doute, nous interdisons à Côme de p

25 novembre — Habbouche by night / "La Syrie" : sans doute trop simple...

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C'est la nuit à Habbouche, depuis une semaine on se couche de plus en plus tôt – il fait nuit de plus en plus tôt, de plus en plus frais, voire froid. Mais on a plus d'électricité qu'avant, ce qui fait qu'on s'attend toujours à ce que ça coupe. Le voisin d'en face (sur la droite) regarde la télé. L'épicier (sur la gauche) est fermé. --- Partout dans les dépêches : "la Syrie"... Ce n'est pourtant pas ce qu'on entend dire par plusieurs collègues qui sont ici depuis un moment et ont vu passer d'autres crises politiques. L'idée que d'autres intérêts sont masqués par une accusation aussi répétitive (et qui ne semble même pas prendre la peine de se justifier) suit son cours et se répercute dans plusieurs articles dont la lecture est éclairante : Jeux de barbouzes au Liban , sur le site de la Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien ; Ceux qui pleurent Gemayel savent qu'au Liban rien n'e

22 novembre — Jour de fête en deuil

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C'est la fête de l'indépendance. Hier Côme sortait de classe en tenant une petite couronne à l'effigie du cèdre libanais (qu'il refusait de mettre). Ce matin il se réveille avec un rituel "on va pas à l'école" qui est pour lui une façon de demander si on y va ou pas ; et on confirme que c'est jour férié, qu'on peut jouer sur le tapis que nous a prêté notre logeuse. On sait depuis hier (d'abord par notre voisin du dessous, puis par les collègues, puis par Internet) que Gemayel a été assassiné. En revenant d'une promenade avec Côme dans les collines , je passe à la station pour remplacer une bouteille de gaz ; au moment où je vais payer, on m'appelle de l'école pour confirmer (on s'en doutait) que l'école restera fermée, et que certains recommandent d'éviter de se promener dans des villages chrétiens. Le pont est presque refait. Ce matin a été dressée une nouvelle effigie de Nasrallah au centre du rond-point tout

19 novembre bis — À Saïda, autour du chateau des croisés

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Le château de mer de Saïda, face à une entrée du (ou plutôt dans le) souk, est un vestige des croisades. On en parle au moins une fois dans tous les guides touristiques, et les photos que j'ai prises doivent ressembler à celles qui y figurent déjà, si ce n'est que ce jour là il y a aussi un cargo qui n'y sera bientôt plus. La vie du port prend le dessus, et si on regarde le chateau c'est surtout pour vérifier qu'il s'y fond. Les dattes au-dessus de nos têtes poussent sur des arbres publics et ne seront peut-être pas cueillies. Dans les premiers jours de notre arrivée, je jetais celles qui en une nuit tournaient au marron, croyant qu'elles avaient pourri, jusqu'à ce qu'on me dise que c'était ainsi qu'elles étaient les meilleures. Ici apparemment tout est admis du moment qu'on soit en famille, ou qu'on soit un enfant. Un parent d'élève me disait que cette double vénération était une constante des pays du Moyen-Orient ; il

19 novembre — Véhicules à Saïda

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Promenade à moins d'une demie-heure de Habbouche, à Saïda, pour voir la mer et le souk. Tout le long de la jetée on voit surtout des véhicules, avec quelques constantes. Ainsi ces camionnettes utilitaires, où ont été laissés tels quels l'enseigne et les slogans de l'entreprise d'origine, la plupart du temps allemande (ou suisse ?). D'ailleurs de vieux camions affichent la marque Mercedes-Benz, même si l'insigne à l'avant du capot est souvent remplacé par une grande plume. D'autres sont de marque improbable mais comportent toujours la cage métallique à l'arrière. D'après Pierre, une loi interdit l'importation de voitures de moins de 6 ans, mais cela ne s'applique pas aux pièces détachées. Le long de l'autostrade, des garages proposent de resouder des demi-carcasses de voitures pour en reconstituer de nouvelles. Celle qu'on voit ici ressemble à beaucoup d'autres, celles qu'on voit notamment livrer le marchand de

18 novembre — Depuis hier on sait où se promener à Habbouche

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Pierre nous a montré un chemin de Habbouche dont il est certain qu'il a échappé aux bombes à sous-munitions, alors qu'il n'est pas certain de l'état de la vallée en contrebas où un pont a été détruit. Le sol est jonché de cartouches vides. Les chasseurs (il n'y a pas de saison puisque la chasse est officiellement interdite), sont réputés habiles et tirent en l'air (notamment sur des cailles, qu'on voit parfois vendre par des enfants). À l'aller on se demande si c'est derrière la montagne ou les immeubles que le soleil se couche si tôt, au retour on ne distingue plus qu'une ligne crénelée. C'était hier. Tôt ce matin (Côme s'est réveillé vers 6h), je ne regarde plus de la même façon la vallée en allumant l'ordinateur pour voir s'il y a du courrier. L'arbre dans l'axe du pont a été décoiffé, au petit matin ça nous permet de voir les collines à travers une idée de cime. Le pont d'ailleurs, est déjà presque réparé

12 novembre — Oliveraies

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C'est à peu près tous les 500 mètres qu'on voit ces panneaux sur "l'autostrade". On ne sait pas ce que ça dit, mais ça nous confirme que les mines et sous-munitions sont la principale raison qui nous font remonter vers un village qui y a échappé pour nous promener : un village chrétien sur la route de Saïda, signalé par des collègues. La chasse a repris, Les cartouches vides jonchent le chemin qui traverse les oliveraies. Ici au moins on peut courir et se glisser sous les arbres.

11 novembre

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On ne fête pas l'armistice ici... Le 22 ce sera la fête de l'indépendance. Je monte sur le toit-terrasse vérifier si le réservoir d'eau est suffisamment plein pour envisager un peu de nettoyage : il y a une coupure d'électricité, ce qui est quotidien, mais celle-ci s'éternise au-delà des quatre heures habituelles, et pour remplir il faut une pompe électrique. J'en profite pour photographier le trou fait par un éclat dans la maison en face, évoqué le 6 novembre . Ici on est à peut-être 200 mètres du pont détruit, l'immeuble en face comporte 3 étages. La porte de métal qui donne sur la terrasse s'ouvre mal, il faut la soulever pour la refermer : les gonds et les joints ont sauté à cause du souffle. Dans la cage d'escalier on a un début de vue sur la vallée qui mène à Nabatieh. La prochaine fois je prendrai du toit mais ce matin j'étais en contre-jour. Notre porte d'entrée comporte un numéro en rouge : un chiffre d'inventaire

5 octobre — Quand on arrivait : la route derrière l'école

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Le texte ci-dessous date des premiers jours de notre arrivée, alors qu'on habitait encore au lycée. --- 5 octobre. L’école a été comme encastrée dans la roche taillée net pour l’y loger, et sur le grand tertre qui la surmonte s’est établi un village de bergers : un regroupement d’immeubles de béton, une mosquée. Ils sont si proches que parviennent jusqu’à l’école les effluves des troupeaux de chèvres ou des étables. Le premier jour, A. nous avait dit que c’étaient des bédouins sunnites sédentarisés, qui vivent à l’écart des autres habitants de la communauté de Habbouche, majoritairement chiite. Le jour où ils ont été bombardés, ils se sont réfugiés à l'école. Pour rejoindre la route officielle, il faut descendre et remonter dans un vallon escarpé — que les chèvres traversent quotidiennement pour brouter une friche rocailleuse en contrebas, avant de remonter au moment de l’iftar (le repas qui suit la journée de jeûne pendant le ramadan) ; mais on peut aussi emprunt