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Affichage des articles du juin, 2007

17 juin — Caravansérail, arguilés et martyrs

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À Saïda, le caravansérail donne sur le port et le château des croisés. Des travaux sont en cours pour l'ouverture prochaine d'un bar, sur le toit. Dans ce quartier, qui est aussi l'entrée du souk, les gens s'installent dans des petits canapés en terrasse pour boire des jus de fruits ou des cafés. Ça sent l'arguilé. Les cafés les plus remplis ne sont pas forcément les meilleurs, mais probalement les plus chics, à en juger par la façon un peu ostentatoire dont certains s'extirpent de leur voiture. Tout cela a lieu sous la surveillance d'un char sur le trottoir d'en face, à l'entrée du château. Dans les galeries du rez-de-chaussée, il y a une exposition de peintures d'enfants handicapés, une de leurs profs nous explique. Côme a trouvé un ballon et le promène d'une galerie à l'autre. On n'oublie bien sûr pas le "martyr" Hariri, surtout à Saïda.

16 juin — Croisements à Tyr

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Pour lutter contre une vague de chaleur qui transforme notre appartement en four (notre immeuble est, comme presque partout, une construction sans isolation, où le plafond sert aussi de terrasse, où le ciment stocke la chaleur et continue de la diffuser la nuit) nous sommes allés respirer dans la ville dont le nom est à la fois Sour et Tyr, où se croisent les Chiites, les sunnites, les Chrétiens, qu'ils soient d'Aoun, de Geagea ou pas, les convois de la FINUL ou de la Croix rouge, etc., le tout à portée de vue de la frontière israëlienne. L'hippodrome romain est jouxté d'immeubles, dont la verticalité et le pragmatisme dénotent au milieu de l'immensité. On peut avoir l'impression que la voie pavée nous mène directement d'une époque à l'autre. Certains alignements me rappellent ceux de certains temples d'Angkor au Cambodge. Un camp jouxte le site. Ici le drapeau palestinien surplombe les vestiges, là c'est une baraque qui sembl

12 juin — Un cadavre sur la page

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Angoisse de la correction de copies : alors qu'au bout d'une année où on se dit qu'on a essayé de faire passer un peu de l'envie de lire, et sans qu'on l'ait jamais demandé, certains continuent de numéroter les lignes dans leur rédaction. Tout ce que cette numérotation implique me fait froid dans le dos, et pourtant c'est pour moi, qui dans la tête de l'élève en question représente cette exigence-là , qu'on le fait, avec le souci de bien faire. Qu'on ait pu finir par s'en convaincre, et par les en convaincre : pas seulement les numérotations de ligne, mais aussi les chapeaux qui précèdent ce qu'on a écrit (comme dans le manuel...) : qu'est-ce que je fais là ? Qu'est-ce que j'ai réellement transmis ? Quant à ce que m'inspirent les "épreuves anticipées de français", je préfère me cacher derrière Novarina : Un morceau de littérature nous est offert comme le bœuf en effigie chez le boucher : gîte à la noix, m

8 juin — Le génie du briquet / l'or bleu

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On trouve partout chez les commerçants des briquets dotés d'une diode, qui permettent d'avoir assez de lumière pour trouver une serrure pendant les coupures de courant. Sur certains l'ajout d'un filtre permet de projeter un portrait : ici, celui de Hassan Nasrallah, plus jeune, sur le plafond de la cuisine. --- J'ai lu dans une dépêche de possibles négociations entre Israël et la Syrie : le Golan contre la paix. Ce que ça évoque ici pour un ami : s'il n'y a plus d'eau à prendre dans le Golan, il faudra bien la prendre quelque part ; il resterait donc les fermes de Chebaa, et... le sud du Liban. Des négociations avec la Syrie permettraient d'isoler plus facilement le Hezbollah de l'Iran... Les gens d'ici parlent moins de Hezbollah que de "résistance", ce qui met sur le même front ceux du mouvement Amal, les communistes, et d'autres. La question de l'eau : on n'en parle guère, me semble-t-il – et c'est plutô

4 juin — Les grandes copines

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Elles sont venues en attendant l'heure du bus, Hima et Nawal, et elles ont d'abord eu peur de déranger. C'est le dernier jour avant la "retraite" qui précèdent les examens, un jour pas comme les autres où elles sont sorties en avance. Si l'on accorde cette semaine de révision dans toutes les écoles, c'est aussi parce qu'on semble considérer qu'il faut apprendre par coeur un programme, et que cela demande du temps. On voit souvent des adolescents, sur le pas de la porte, marcher en cercles, un livre à la main. Depuis plusieurs mois, tous les matins d'école, elles attendent Côme, dans leur blouse bleue, sur le parking de l'école où nous laissons la voiture - ou parfois au pied de l'immeuble ; toujours une fleur, une sucrerie (qu'il ne mange pas, et qu'on a fini par stocker dans un plastique), un sourire et quelques mots en français pour demander un bisou. Heureusement qu'elles se sont imposées : on finissait certains mat

3 juin — Un bruit dans le ciel

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On s'y met nous aussi : quand on les entend, on lève la tête, on se demande pourquoi ils sont là, ce qui se prépare, et on se demande si on en parlera dans les postes de télé, de radio, sur les sites Internet consacrés... On verra que non, et pourtant c'est devenu très régulier, ces derniers temps, les avions dans le ciel.

2 juin — Prévenez les enfants

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Les Terminales et Premières sont en "retraite" (ils ont une semaine pour réviser avant les épreuves écrites). Pour ceux qui viennent encore passer des oraux blancs, j'apporte une caméra. Cela me fait penser à apporter aussi l'appareil, pour photographier une des affiches de prévention contre les mines et les sous-munitions. L'espèce d'hémisphère, s ur le deuxième explosif (dans le sens de la lecture en partant du coin en haut à gauche), ressemble peut-être à l'objet suspect trouvé dans un chemin près de la rivière .

1er juin — The prison is open (Khiam)

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Pour passer de l'autre côté du château de Beaufort, il a fallu montrer patte blanche au check-point, mais l'ami chirurgien qui nous guide (et qui a passé une partie de la dernière guerre a opérer, nuit et jour) se porte garant. Suite aux précédentes visites au Château, mon nom est déjà enregistré. Véro quant à elle passe pour une libanaise. En allant vers la "porte de Fatima", on est à portée de champ du kibboutz, derrière la frontière d'ici invisible. Khiam est précisément le village en face de cette frontière. L'endroit est célèbre pour sa prison, transformée en centre de torture, pendant l'occupation du sud par Israël, puis en musée. Mahmoud nous raconte qu'un habitant de Nabatiye y est entré à 15 ans, en est sorti à 30. Qu'il soigne encore régulièrement une femme qui souffre des séquelles de torture. A l'entrée du village, les photos de martyrs à l'endroit où ils ont été tués ; régulièrement, les trous, rebouchés par