19 novembre bis — À Saïda, autour du chateau des croisés



Le château de mer de Saïda, face à une entrée du (ou plutôt dans le) souk, est un vestige des croisades. On en parle au moins une fois dans tous les guides touristiques, et les photos que j'ai prises doivent ressembler à celles qui y figurent déjà, si ce n'est que ce jour là il y a aussi un cargo qui n'y sera bientôt plus.


La vie du port prend le dessus, et si on regarde le chateau c'est surtout pour vérifier qu'il s'y fond.

Les dattes au-dessus de nos têtes poussent sur des arbres publics et ne seront peut-être pas cueillies. Dans les premiers jours de notre arrivée, je jetais celles qui en une nuit tournaient au marron, croyant qu'elles avaient pourri, jusqu'à ce qu'on me dise que c'était ainsi qu'elles étaient les meilleures.

Ici apparemment tout est admis du moment qu'on soit en famille, ou qu'on soit un enfant. Un parent d'élève me disait que cette double vénération était une constante des pays du Moyen-Orient ; il est très rare par exemple pour un enfant de sortir sans cadeau d'une maison où il va pour la première fois. "Viens chez moi", c'est ce qu'on entend dire par ceux qui parlent français et veulent prendre Côme dans leurs bras, mais qui calquent la conjonction sur l'arabe.


On met parfois du temps à distinguer d'autres vestiges, ceux de la guerre, de la décrépitude naturelle des immeubles peu entretenus.



Au premier étage d'une maison de famille, des pneus aux fenêtres abîmées signalent le recyclage en entrepôt ou en garage. Le minaret a reçu des éclats. Mais tout cela, c'était encore la guerre d'avant.


Aujourd'hui on voit encore passer des camions remplis de fers à béton tordus et de gravats (au sud de Beyrouth, des entassements monumentaux). Ici, au sud de Saïda, une montagne aussi, mais d'ordures, au pied desquelles se sont installées des tanneries.


Ça n'empêche pas les pêcheurs de pêcher. On a tendance à chercher des bateaux de guerre partout, comme s'il fallait vérifier que ce qu'on lit dans les dépêches d'agence est vrai, et on est démenti par les pétroliers.


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