22 novembre — Jour de fête en deuil
C'est la fête de l'indépendance. Hier Côme sortait de classe en tenant une petite couronne à l'effigie du cèdre libanais (qu'il refusait de mettre). Ce matin il se réveille avec un rituel "on va pas à l'école" qui est pour lui une façon de demander si on y va ou pas ; et on confirme que c'est jour férié, qu'on peut jouer sur le tapis que nous a prêté notre logeuse.
On sait depuis hier (d'abord par notre voisin du dessous, puis par les collègues, puis par Internet) que Gemayel a été assassiné. En revenant d'une promenade avec Côme dans les collines, je passe à la station pour remplacer une bouteille de gaz ; au moment où je vais payer, on m'appelle de l'école pour confirmer (on s'en doutait) que l'école restera fermée, et que certains recommandent d'éviter de se promener dans des villages chrétiens.
Le pont est presque refait. Ce matin a été dressée une nouvelle effigie de Nasrallah au centre du rond-point tout proche. Au zoom je photographie à ma droite, du balcon, ce pont invisible sur l'image : la maison blanche, derrière l'arbre, est en face ; l'autostrade passe entre l'effigie et la maison, 5 mètres dessous. En face, les gens en congé discutent tranquillement chez l'épicier et me saluent de la main.
De la cuisine je prends la cour de l'école juste derrière, dont les grilles sont enjambées tous les jours après les cours par de jeunes hommes venus utiliser le terrain de basket. On m'a dit que toutes les écoles de la région finissent comme la nôtre, en début d'après-midi, rarement plus tard : ces horaires étaient imposés par le couvre-feu pendant l'occupation, et depuis rien n'a changé.
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