4 juin — Les grandes copines



Elles sont venues en attendant l'heure du bus, Hima et Nawal, et elles ont d'abord eu peur de déranger. C'est le dernier jour avant la "retraite" qui précèdent les examens, un jour pas comme les autres où elles sont sorties en avance. Si l'on accorde cette semaine de révision dans toutes les écoles, c'est aussi parce qu'on semble considérer qu'il faut apprendre par coeur un programme, et que cela demande du temps. On voit souvent des adolescents, sur le pas de la porte, marcher en cercles, un livre à la main.

Depuis plusieurs mois, tous les matins d'école, elles attendent Côme, dans leur blouse bleue, sur le parking de l'école où nous laissons la voiture - ou parfois au pied de l'immeuble ; toujours une fleur, une sucrerie (qu'il ne mange pas, et qu'on a fini par stocker dans un plastique), un sourire et quelques mots en français pour demander un bisou.


Heureusement qu'elles se sont imposées : on finissait certains matins des débuts par être entourés d'une bande de gamins envahissants, étonnés de nous voir devant leur école. "Où est bébé ?". Embrassades forcées, pitreries. On a fini par les rabrouer d'un "khalas" (ça suffit), par sortir au dernier moment (si je sortais en avance, c'était le signe de l'apparition prochaine de Côme, et le début d'un attroupement autour de la voiture), mais elles étaient plus discrètes, attentives. Aujourd'hui qu'elles ont pu franchir notre seuil, elles font des signes aux copines en-dessous, qui demandent une bouteille d'eau, sont bientôt dans l'escalier, et ça circule du dehors au dedans, avec la même curiosité bienveillante à laquelle on impose une limite en se tenant dans l'entrebaillement de la porte.
Dans le petit mot qu'elles nous demandent d'écrire dans leur carnet, on dit qu'on se souviendra d'elles.



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