12 juin — Un cadavre sur la page

Qu'on ait pu finir par s'en convaincre, et par les en convaincre : pas seulement les numérotations de ligne, mais aussi les chapeaux qui précèdent ce qu'on a écrit (comme dans le manuel...) : qu'est-ce que je fais là ? Qu'est-ce que j'ai réellement transmis ?
Un morceau de littérature nous est offert comme le bœuf en effigie chez le boucher : gîte à la noix, macreuse, tendron, contre-filet, second talon, bavette, flanchet, échine et jambonneau. Ce découpage coupe l’appétit. Le fragment de texte est un cadavre sur la page. Ouvrez et décortiquez ! En avant les scalpels ! Singez la science, sortez les outils : adjuvant séquentiel, dislocuteur-sujet, pinces carnatives, morphème vectorisant, charmeur sensoriel, brumisateur spatio-temporel, moteur de temporalisation, pince métamorphique, écarteur de doute, transvaseur, phonorisateur de e muet, vecteur de métachronie, linguême désagisseur vocalisant , excitant du circuit œil-corde vocale dans la lecture subvocalisée, mobilisateur oculaire de l’appelant, agent chronotrope, Devant le cadavre — la page arrachée au livre, épinglée, lettre-morte, devenue un objet étal et fléché, livré aux exercices des Sciences de la Communication, — le professeur se fait médecin légiste.
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