8 décembre — Un aller-retour à Beyrouth




Il a fallu aller à la direction générale de la Sécurité Générale à Beyrouth, pour essayer de faire prolonger notre visa de travail, mais sans avoir encore de permis de travail (parce qu'il n'est pas signé par le ministre démissionnaire...). Nous serions quelques milliers dans le même cas.

Sur l'autoroute, à l'approche de Beyrouth, une grande affiche de Nasrallah avec le bras levé (recto/verso). Sur certains ponts reconstuits (pas tous... il faut faire de nombreux détours, surtout aux alentours de Saïda), un bandeau : "whith your patience, defeat has gone". Lorsque nous arrivions fin octobre, l'entrée de Beyrouth était quadrillée par des images de soldats, avec le slogan en arabe, anglais et français : "la victoire divine".

On y est allés pour rien, à la Sûreté : on est passé d'un bureau à l'autre, d'un batîment à l'autre, d'une fouille à l'autre, pour finir dans un petit bureau avec deux hommes en treillis qui non, décidément, ne sont pas au courant que nous avions pris rendez-vous, et qui nous disent qu'il faudrait aller à Nabatiyé, d'où nous dépendons administrativement, etc.


La rue de Damas où se trouvent la Sûreté, le consulat de France et le Grand Lycée n'est pas très loin d'Achrafieh, un quartier chic, où on décide d'aller boire un café. La place Sassine est surveillée par des chars, comme à peu près tous les points de passage importants. Presque tous les ponts ou passages importants, de Nabatiyé à Beyrouth, étaient surveillés par des militaires.



Les bâtiments décrépits se mélangent aux rénovations ou aux constructions récentes ; sur l'autoroute on voit beaucoup de ces arrières d'entrepôts, sans fenêtres, dont on se demande s'ils servent ou s'il s'y trouve quelqu'un.

Certains sont complètement criblés d'impacts de balles ou de mortier, et malgré (grâce à ?) la violence et l'acharnement qu'ils rendent palpables, ils nous frappent par leur beauté insolite (nous n'avons pas pris de photo mais d'autres s'en sont déjà chargé, notamment Mocafico (merci à Vincent Baby), qui photographie de grands bâtiments isolés — dont l'ancien cinéma, non loin de la mosquée érigée par son fils à Rafic Hariri).

L'un de ceux qu'on remarque vite et qui sert de repère se trouve à un gros carrefour au bas d'Achrafieh : un immeuble ancien à colonnes, d'une belle pierre jaune, avec des pans entiers dévastés qui laissent voir l'intérieur, les papiers peints, les plafonds — tel quel au milieu de la ville toute neuve et des voitures dernier cri.

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