3 décembre — Saïda ter


On voulait aller à Tyr ("voir la mer", dit Côme, qui veut absolument que je fasse pipi dedans) mais il faudrait paraît-il une autorisation du consulat. Ragot ? Peu importe, on retourne dans le souk de Saïda. Sur la route on croise des voitures décorées de drapeaux, des bus, qui descendent à Beyrouth, où la manifestation continue. On descend pendant une dizaine de kilomètres, les oreilles se bouchent. Lorsqu'on passe au pied de la propriété de Nabih Berri, on sait qu'on est bientôt "en bas" ; il va falloir contourner le pont détruit qui nous permet de rejoindre une section d'autoroute, qui sera à nouveau coupée peu avant Saïda. Beaucoup de ponts sont cependant presque reconstruits.



Curieusement c'est au Japon que certaines ruelles du souk me font penser, du fait sans doute de l'étroitesse de certains passages, des échoppes, de l'artisanat, et de la tranquillité industrieuse qui règne — le dimanche est un jour creux. Beaucoup de sunnites ici : des portraits de Rafic Hariri. On s'arrête boire un thé chez une chrétienne — elle nous apprend assez vite sa confession, comme si c'était une façon de s'identifier. On se perd sous des voûtes dont on ignore si elles sont privées ou pas, si elles datent vraiment du Moyen-Âge comme on en a l'impression, et si leurs odeurs sont vraiment restées les mêmes.


Aller dans le souk ou plutôt dans les souks : toute une partie est rénovée, l'autre pas. Le temps est compté, mais on prévoit déjà qu'on reviendra.



Au retour on constate l'avancement de la réparation du pont. Le matin, devant ce qui sera bientôt pour nous l'entrée du pont, des saisonniers syriens se postent pour attendre un éventuel employeur à la journée. La Syrie, vue d'ici, c'est donc plutôt ces travailleurs précaires, ou ceux qui font les travaux difficiles, comme les ouvriers du pressoir à olives, à quelques centaines de mètres de la maison.



J'ai lu sur Internet qu'Israël avait l'intention de transférer à l'ONU le contrôle du nord d'un village qu'il continuait d'occuper depuis la trève. J'ai l'impression que cette information aux conséquences importantes (et territoriales) ne provoque pas de longs commentaires dans la presse, par rapport aux "analyses" des manifestations à Beyrouth.


De la salle des profs, on voyait hier les montages s'éloigner par superpositions bleutées. Achraf m'a dit que la plus lointaine, c'est "les fermes de Chebaa", et que les gens d'ici l'appellent "la montagne du sheikh" parce l'hiver elle se couvre de blanc.

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